La musique
Elle a forgé mon identité, m’a fait prendre des chemins détournés mais ô combien pittoresques, m’a sorti de ravins. Elle a gonflé mon capital sympathie, m’a aidé à assumer et à faire accepter certaines de mes singularités, avalisé ma part de féminité, décoré mon statut d’étranger, m’a rendu intéressant aux yeux de filles magnifiques, a renforcé des amitiés. Elle m’a épanoui et ouvert au monde, a aiguisé mon besoin d’harmonie, cultivé mon jardin. Elle m’a fait danser.
Elle m’a fait briller parfois, m’a rendu fier de moi, et humble aussi. Et même si je n’ai pas (encore…) réussi à l’épouser en carrière, elle a fini par me pousser vers un métier où elle avait toute sa place.
Je suis animateur, je me balade de salles de classe en garderies, de crèches en plaines de vacances, j’ai une botte secrète, une baguette magique. Dans mon sac à dos, il y a des trucs qui font des bruits jolis, et une mandoline qui est d’accord avec ma voix.
On fait danser, on fait chanter, on sait détendre et rassembler, faire rire et déconner, déconnecter, on donne matière à rêver.
J’explique le souffle, je montre le son, je fais sentir la vibration.
Dans mes rythmiques y’a des fractions, dans mes chansons, des conjugaisons.
De certains gamins on me dit : “Vous allez souffrir avec lui !”. Et moi je les ai, des mains battant, sourire aux lèvres au premier rang.
Je ne suis pas indispensable, je n’ai aucun doute sur mon utilité.
Comme la musique, je me suis fait virer de l’école et c’est entre autres pour la rejoindre que j’en suis parti. J’y retourne souvent avec elle…